« Oh c’est toi ».
Son ton m’émut. Elle n’exprimait ni joie ni colère, ni même de la tristesse. Constant simplement ma présence, c’est à peine si elle était vivante. Penaud de l’avoir surprise, elle, la sublime Maggie, dans une rupture aussi humiliante, je n’osais décrocher un mot.
Elle le comprit, ce qui lui arracha un pouffement de condamnée. Nous restâmes silencieux un petit moment, ses yeux dans le vague et les miens rivés sur mes pieds.
Enfin, elle brisa ce malaise : » Je vais rentrer. Est-ce que tu viens ? Je ne te sauterais pas dessus, c’est promis. » rajouta-t-elle devant mon air ébahi. Je m’empressai, évidemment, de me lever afin de la raccompagner.
Le trajet, pourtant court, me parut interminable tant elle babillait, passant d’un sujet à un autre… elle riait, toute trace de déprime ayant quitté ce si beau corps. Je me sentais comme un élu, ce soir c’était moi et moi seul avec la femme de mes rêves ! Mais chaque bonne chose a une fin et nous arrivâmes devant la porte de son immeuble, d’un style ancien par ailleurs…
Face à face, elle me remercia de ma compagnie, me fit la bise et m’honora d’un sourire si éblouissant que je la crus un instant véritablement heureuse. Cependant, le dialogue de son corps m’indiquait tout autre chose : un de ses bras me tenait avec une force inouïe, et ses yeux… c’était le plus inquiétant. Ils me criaient tout bonnement de ne pas partir, de ne pas la laisser seule. J’étais sensible aux regards, surtout les siens.
Et c’est sans doute pour ça que j’ai réagi instinctivement, l’attirant à moi pour la prendre simplement dans les bras.
Sa réaction me brisa le cœur.