[Texte 28] Reviens mon amour

Mon bébé.

Mon amour.
J’aimerai te dire que Maman est là, qu’il ne faut plus t’inquiéter, que tout ira bien désormais..
J’aimerai regarder dormir, attendrie, ton visage si doux, si fin.
J’aimerai te serrer contre moi, suivre cet instinct féroce qui me pousse à te protéger….
Te protéger contre les dangers de la vie, te défendre face au monde….
Quelle ironie, n’est-ce pas ?
Mon enfant, toi que je n’aurai jamais. La chair de ma chair que j’ai étouffée. Le sang de mon sang que j’ai laissé couler.
Je ne te voulais pas lorsque je t’avais, par égoïsme mais surtout par peur. Comment aurais-je pu t’éduquer si je m’éduque encore ? Comment te nourrir si ma propre alimentation est chaotique ? On nous demande de transmettre des valeurs à notre progéniture, fort bien, mais que doit-on faire lorsqu’on cherche encore les siennes ?
Ce n’est pas par manque d’amour que tu n’es pas lovée contre mon sein, ce n’est pas par manque d’envie que je ne suis pas auprès de toi…. Seulement par manque de prise de risque.
Je suis joueuse, extrêmement, mais me mettre en péril n’est rien face à la peur de te faire du mal, de t’atteindre. Toi, je n’avais pas le droit d’échouer, pas le droit de me tromper… Je ne pouvais pas me permettre ne serait-ce qu’un léger pas de côté…. Alors j’ai renoncé à entrer dans la danse démente qui m’attendait…. Malgré mon amour grandissant pour mes entrailles, mon désir de protection futile envers cet intérieur, j’ai coupé ce lien, notre lien…
La mort de ta naissance est, d’une certaine manière, le plus bel acte de respect que je pouvais t’offrir… Je ne sais comment le dire … mais je t’aime.
Mon bébé.

Mon amour.

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